Cinq adhérents de Belledonne Sports Nature (Fabienne, Geneviève, Sigrine, Alain, Daniel) ont effectué une traversée d’est en ouest, du massif espagnol des Picos de Europa du 1er au 13 septembre 2021. La préparation du trek a fait l’objet de 2 réunions pour notamment valider l’itinéraire et réserver les hébergements. Les réservations ont été faites par Dominique, une habituée des Asturies et de la langue espagnole, et on la remercie pour cet importante contribution.

Généralités

Les pics d’Europe (en espagnol : Picos de Europa, souvent appelés Los Picos), massif le plus élevé de la cordillère Cantabrique, sont situés entre les provinces des Asturies, León et la Cantabrie, à une trentaine de kilomètres de la mer. Ils culminent au Torre de Cerredo, à 2 648 m.
Les dimensions approximatives du massif sont de 40 km de longueur (est-ouest) par 20 km de large (nord-sud) et une superficie de 502 km2. Le 30 mai 1995 a été créé le parc national des pics d’Europe, intégrant un parc national aux dimensions plus modestes existant depuis le 22 juillet 1918 . Lire la suite…

Source Wikipédia

Bejes – refuge Caseton de Andara

2 septembre 2021

Aucune difficulté : route puis piste. Partis de Bejes, sympathique petit hameau niché au-dessus du défilé de la Hermida (rio Deva), nous faisons connaissance avec les roches calcaires, sculptures gris argenté, qui forment l’essentiel de ce massif montagneux et nous accompagneront tout au long du trek.. Traversée d’une hêtraie (ayedo) paisible.
Le refuge est une ancienne cabane de chantier de mineurs au milieu d’une austère zone de mines de plomb, zinc, fer, abandonnées depuis des décennies ; la soupe aux lentilles, le cidre et le fromage local dégustés dans une ambiance humide mais cordiale, nous requinquent.

refuge Caseton de Andara

Caseton de Andara – Refuge hôtel Aliva

3 septembre 2021

La brume matinale tenace nous incite à choisir la traversée par le col de Valdomingueru, sur un bon sentier longeant les abîmes miniers ; tentative de montée vers le Pic Pierru, bien encapuchonné, retour au col bucolique et descente sur son versant ouest par le long et raide canal de Jidiellu ; manip “main courante” et corde à nœuds pour franchir le verrou rocheux du haut canal ; premières émotions pour certains, avant d’entamer la recherche des cairns, disséminés sur la pente gravillonneuse, et qui nous conduisent, toujours dans la purée de poix cantabrienne, vers un sentier digne de ce nom. Onze cent mètres plus bas, on rejoint une bonne piste légèrement remontante (GR 202 venant de Sotres) , avec ses pelouses piquetées de colchiques en étoiles bien roses et ses vastes panoramas ! Six kilomètres de marche contemplative vers Aliva !

canal de Jidiellu

Hôtel Aliva – Refuge Vega de Uriellu

4 septembre 2021

Ce fut une étape riche en découvertes faunistiques : de superbes vautours se cantonnaient aux abords du chalet Royal, stars du matin ! Puis un sentier balisé jaune et blanc (PR PNPE 23) nous amena parmi de nombreux randonneurs jusqu’au colle de los Horcados Rojos (2344 m), longeant d’abord la majestueuse Pena Vieja. Le refuge Veronica brillait de tout son éclat argenté, la Torre absorbait son lot de randonneurs, et nous, et nous, et nous…nous traversâmes et descendîmes versant nord , sur des dalles assez redressées, usant de câbles rassurants (mais pas toujours bien arrimés), en une sorte de via ferrata dolomitique d’environ 150 m de dénivelée.

Ouf, 150 m plus bas, “terre en vue”, casse -croûte relaxant, orteils au soleil, dans le vaste replat précédant la Garganta de los Boches. A notre gauche, Jou los Boques, profonde dépression minérale (comme on en verra des dizaines dans ces reliefs karstiques).

Lorsqu’enfin apparut le Picu Uriellu (Naranjo de Bulnes), et que nous vîmes le refuge à son pied, au milieu des alpages tout verts ( vegas), nous avons respiré un bon coup devant ce paysage imposant. Beaucoup de monde, mais une organisation “militaire “souriante permettant une bonne installation et la dégustation des bières en toute sérénité. L”Orange” de Bulnes, la majesté du coin, ce bloc monolithique de 550 mètres de haut, attire les grimpeurs de haut niveau et doit son surnom aux teintes orangées lors de certains couchers de soleil !

descente du colle de los Horcados Rojos

Refuge Vega de Uriellu – Bulnès

5 septembre 2021

Étape typiquement “europicosienne”, avec des brèches, des montées et descentes en désordre, des tours et détours, parmi les pics dentelés argentés ou les alpages verdoyants : snobant les sentiers balisés et fréquentés, nous avons choisi de transiter par le refugio del Jou de los Cabrones via horcada Arenara, avant d’emprunter le canal d’Amuesa pour un long retour vers Bulnes (1600 m dénivelée négative). La beauté de ce parcours tient à l’alternance de zones minérales désertiques avec les pelouses apaisantes, la profusion de décors fantastiques dus à l’érosion, enfin la plongée subite vers les majadas (bergeries) d’Amuesa puis la vallée du Rio de Bulnes, hâvre de paix visible tout en bas, en bas… tout ça sous un soleil généreux ! A noter quelques échelons, chaînes et câbles, sécurisant les passages rocheux.

La face ouest du Naranjo de Bulnes domine le refuge

Bulnès

6 septembre 2021

Repos, déambulation dans le village et au Mirador du Naranjo, découverte des haricots de la Fabada, “cassoulet” asturien, visite du hall d’arrivée du funiculaire de Bulnes. Relax, Max !

Bulnes

Bulnès – Cain

7 septembre 2021

Périple du jour : la remontée de la touristique “ruta del Cares”, longue de 11 km, entre le Puente de la Raya et le village de Cain. Cet itinéraire, nommé la Garganta Divina (la gorge divine) présente l’intérêt de longer le canal collecteur des eaux du rio Cares, qui alimentent les centrales électriques en contrebas de la vallée. De nombreux ouvrages d’art ponctuent le chemin, tunnels dans la roche, ponts enjambant la rivière, témoins des chantiers colossaux réalisés au début du 20ième siècle. La piste, très fréquentée, longe des à pics et vallées transversales verdoyantes, et permet en fin de parcours de tâter les eaux turquoise du Cares.

Cain – Refuge Collado Hermoso

8 septembre 2021

Collado Hermoso, le “joli col” ! Partis de Cordinanes, où nous dépose un taxi de Cain, nous suivons le sentier de la Rienda, qui bute rapidement sur la falaise de Pena del Porracho, et la remonte par un système de vires ludiques équipées de câbles. S’ensuit la longue hêtraie de l’Asotin, fraîche et paisible, dont nous émergeons pour longer les grandes coulées d’éboulis de la Cuesta Robequera. Un paradis s’ouvre à nous, le replat de Vega l’Asotin, vert acidulé, si tranquille, avant une remontée escarpée à Collao Solano. Très beau ! le sentier longe ensuite vers l’est/sud-est les flancs de Torre Jermoso, avec quelques “coups de cul” pour enfin accéder par un vaste canal, large, raide, en partie rocheux, exposé plein nord, au refugio du joli col (ça s’écrit hermoso ou jermoso, au choix). Implanté près d’une source, animé par les chamois au pelage brun fauve (rebeccos cantabricos) , solide sur un piton herbeux ménageant des vues lointaines, le refuge est fonctionnel et l’ambiance décontractée. https://belledonne-sport-nature.fr/les-picos-de-europa/

Refuge Collado Hermoso

Refuge Collado Hermoso – Posada de Valdéon

9 septembre 2021

Ce matin, l’humidité et la brume enveloppent le joli col. Nous montons vaillamment vers Las Colladinas et basculons sur le Sendo de la Padierna. Ce sentier de chèvres nous conduit vers le bucolique replat de Liordes en contrebas, où paissent des chevaux bruns et noirs. Les reliefs sont adoucis, le chozo de Liordes nous accueille au passage (raccord avec le PR PNPE 25), avec de belles vaches casina et parda alpina, puis nous grimpons au col Alto de la Canal, plein sud. Ayant dévalé courageusement le rude canal de Remona sur son autre versant, casse-croûté voracement mais frugalement, nous laissons le PR PNPE 15 nous conduire vers Posada de Valdeon. Sur ce piémont sud des Picos, la roche est cristalline, et les shistes colorés noir ou bordeaux supportent une végétation de bruyères, ajoncs, et genêts. Sieste idyllique à la majada de Fuentestorones, puis arrivée à Posada de Valdeon.

Notre casa du soir, située à Santa Marina de Valdeon, est rejointe sous la pluie. Nous y passerons la journée de repos prévue demain, le 10 septembre : ce gîte, Ardilla Real, est confortable et très animé certains soirs. Dans le village, nous découvrons les greniers à céréales, modèles du Valdeon et des Asturies (los horreos).

Santa Marina de Valdéon

10 septembre 2021

Journée de repos au gîte, Ardilla Real, sympa mais bruyant.

Greniers du Valdéon

Soto de Valdéon – Refuge Végabagno

11 septembre 2021

Nous traversons d’est en ouest la vallée de l’arroyo d’Argoya, par le PR PNPE 12, le camino de la cuesta. Chênes et fougères rendent ce chemin balisé très agréable, avant de le quitter pour monter dans une zone envahie de genêts, jusqu’au point 1555, à proximité du collao Escobaloso. La vue se dégage au nord, avec en premier plan le triangle original du Pico Abedular, et plus loin l’itinéraire du lendemain, vers le collao del Frade. La descente directe au refuge Vegabagno est abandonnée, au profit d’un vagabondage sur les crêtes des pics Samaya et de Valdefuente.

Ce détour nous procure un vrai plaisir visuel, outre la dégustation de myrtilles très parfumées, dans ce décor de shistes cristallins porteurs d’une belle végétation “du sud”. Sous le Pico Jario, nous entamons une magnifibelledonne-sport-nature.fr/les-picos-de-europa/(ouvre un nouvel onglet)que dégringolade dans les prairies, jusqu’à rejoindre el refugio, notre havre de paix du moment. Ambiance bucolique et montagnarde à la fois, douche extérieure “maison”, calme et sérénité face à un paysage reposant.

Refuge Végabagno

Refuge Végabagno – Refuge Vegarredonda

12 septembre 2021

El Anillo del picos“, un circuit proposé par les fédérations de montagne espagnoles, est testé par notre équipe aujourd’hui, pour rallier le refuge Vegareddonda. Quoique relativement fréquenté par grimpeurs, randonneurs, traileurs en recherche de performances, cet itinéraire reste engagé et exigeant.

En apéritif, la châtaigneraie de Costafria, (colonisée par les hêtres) démarre juste après la traversée de la rivière Dobra, et nous conduit dans une bonne fraîcheur, aux collao de Cueto Salambre et del Frade. Le plat de résistance s’ensuit aussitôt, nous offrant le canal du chien (perro) et le col de l’âne (burro), prémices d’une remontée très sinueuse vers le nord. La Pena Santa de Castilla émerge fièrement, comme point de mire qui nous accompagne jusqu’au solide refuge de Vega Huerta. Prochain objectif, l’Aguja Corpus Christi, lieu d’un pique-nique gargantuesque ; immobiles parmi les chaos et pics rocheux, un peu écrasés par l’immensité des lieux, hors du temps, nous devinons la suite du parcours, sportif ! Après moult méandres et montées/descentes de notre trace (heureusement balisée de cairns (jitos) et de marques jaunes), nous rencontrons de placides vaches installées à la source Prieta : l’une d’elles plonge obstinément le museau à la source elle-même, les autres s’étalent sur les herbages rares , aux abords de nombreux bivouacs aménagés. Le terrain s’humanise, la trace devient sentier, les chamois broutent au- dessous de nous, ça y est, on descend dans le vert, on aperçoit l’ancien et le nouveau refuge Vegareddonda, on marche “au radar”, c’est gagné !

Refuge Vegarredonda

Refuge Vegarredonda – Lacs de Covadonga

13 septembre 2021

Notre dernière étape nous mène à la bourgade de Covadonga, via les lacs Ercina et Enol. Les PR5 et PR2 se déroulent dans un paysage de plus en plus végétal, avec de curieuses bergeries et des spécimens remarquables d’arbres, houx, chênes. Le dernier casse-croûte itinérant est dégusté à l’abri d’un vent fort, face au miroir lisse du lac Ercina, encore orteils à l’air libre.

Est-ce le souhait de remercier au plus vite la Vierge de Covadonga de la bonne issue de notre périple, ou la fatigue ? Toute honte bue, nous décidons d’un commun accord de terminer l’étape, non pas à pieds sur le GR 202 (Ruta de la Reconquista) comme prévu, mais confortablement installés dans le bus-navette où nous jouons les touristes !

La route est belle, et bientôt nous nous délasserons à la casa Aspron puis rendrons grâce à la Bonne Mère de Covadonga : dans la grotte aménagée près de la basilique, elle sourit imperturbablement, heureuse d’avoir participé à la Reconquête des Asturies !

Covadonga

Le parcours complet

Toutes les traces GPS ont été enregistrées sur le terrain sauf celle du 6 septembre (dans les gorges profondes et les tunnels, le GPS est complètement incohérent)

Documentation

L’itinéraire a été tracé par Geneviève pour la quasi totalité. Elle a trouvé sur internet de nombreuses informations sur les itinéraires dont un compte rendu du CAF de Chambéry.

Les cartes Alpina Picos de Europa (2 cartes) au 1/25000 sont claires, relativement précises et à jour. Nous les avons utilisées en version papier (la version numérique semble exister mais dans un format propriétaire TwoNav).

La carte IGN Espagne est disponible en version numérique et donc utilisable sur Iphigénie, Visorando mais elle est très confuse, pas très à jour et on a du mal à voir les sentier (varier les échelles). Nous avons aussi parfois utilisé la carte libre et collaborative OpenTopoMap.

Le topoguide Rother “Picos de Europa” recense 50 itinéraires de tous niveaux et contient de riches informations sur les Picos. Il permet aussi le téléchargement des traces GPS de tous les itinéraires.

Catégories : DiversRandonnée pédestre

2 commentaires

Fabienne

Fabienne · lun. 27 Sep. 2021 à 15 h 29

Bravo Daniel (et surtout Geneviève : je reconnais bien ton style) descriptif complet de notre périple.
Je n’ai qu’à ajouter que j’ai adoré cette randonnée même si parfois j’ai pleurniché en descendant dans des « trous », totalement néophyte en escalade j’ai très souvent serré les fesses… on m’avait dit : il faudra mettre les mains parfois 😁, c’était souvent et bien plus que les mains .
J’y suis arrivée et heureuse de n’avoir pas été trop un boulet pour le groupe !

Geneviève

Geneviève · mar. 28 Sep. 2021 à 14 h 01

Eh bien, non, Fabienne ! tu n’as jamais été un boulet, mais plutôt une coéquipière souriante et vigilante quant à la reconnaissance du parcours !
A quand notre prochaine virée ?
Si d’autres scribes de notre groupe souhaitent exercer leur plume romancière, rendre compte de divers aspects du trek (ambiance, coût total, intérêt particulier, ressenti), un autre article sur le site sera le bienvenu !

Les commentaires sont fermés.

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